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La vannerie : tresser des brins, tisser des liens

Cours vidéo de vannerie zarzo

À l’occasion de la sortie prochaine de son cours vidéo d’initiation à la vannerie zarzo, Karelle Couturier, de l’Atelier Brins de Malice, nous a reçu dans son atelier. Au menu : son parcours, son approche de la vannerie, ses projets… Entretien avec une artisane passionnée d’osier !


Bonjour Karelle. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour ! Je m’appelle Karelle et je suis vannière au Thoureil. C’est un petit village sur les bords de Loire entre Angers et Saumur, dans le Maine-et-Loire.

Je suis vannière, ça veut dire bien sûr que je réalise des paniers ou des corbeilles en osier. J’aime dire aussi que je suis artisan d’art puisque la vannerie implique un travail des mains mais avec le terme “artisan”, on ajoute un notion de conception, de travail de la tête : j’ai en effet parfois aussi à répondre à des demandes vraiment à la mesure. Enfin, le terme “art” implique une part de créativité dans mon travail.

Comment es-tu venue à la vannerie ?

Avant d’être vannière, j’ai eu une autre vie. En effet, j’ai été ingénieure pendant plus de dix ans, en France et Allemagne. Puis j’ai découvert le monde de la vannerie à l’occasion d’un stage, en 2006, dans un village de Touraine, à Villaines-les-Rochers. Je suis entrée dans l’atelier de vannerie et je suis vraiment tombée amoureuse de l’osier, qui est le matériau qu’on utilise le plus en France car c’est celui qui pousse localement.

Il y a tout un éveil des sens quand on est dans l’atelier : le toucher, bien sûr, quand on travaille une pièce, mais aussi le bruit des brins qui s’entrechoquent quand on tresse, l’odeur de l’osier qui sort du bac de trempage… Ça m’a vraiment plongé tout de suite dans une ambiance… J’ai en même temps redécouvert un savoir-faire ancestral. On ne peut pas le dater précisément, puisqu’en général, les végétaux qui restent dans le sol pourrissent, mais on a quand même réussi à trouver un panier très ancien qui a pu être daté de 10 500 ans avant Jésus-Christ. Cet artisanat est une lente évolution de gestes, qui se sont transmis de génération en génération, avec très peu d’outils. Pour moi, venant du monde de l’ingénierie, redécouvrir ce savoir-faire, c’était vraiment magique.

Karelle Couturier avec une corbeille zarzo
Corbeille pour exposer les pommes du jardin par exemple…

Combien de temps après t’es-tu mise à ton compte ?

J’ai fondé l’Atelier Brins de Malice en 2014, après la naissance de mon deuxième enfant. Je me suis formée auprès de vanniers professionnels pour vraiment apprendre les bases, les techniques fondamentales de la vannerie. Puis j’ai eu envie de passer mon CAP de vannerie. Je suis donc allée en Haute-Marne, à Fayl-Billot, où se trouve l’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie et j’ai passé mon CAP en candidate libre. Cela m’a rassurée et m’a donné de la légitimité par rapport aux autres vanniers professionnels.

Cours de vannerie - Exemple de panier zarzo
Exemple de panier zarzo, avec en second plan, une lampe issue de la collection “d’argile ET D’OSIER”

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton approche de la vannerie ?

Aujourd’hui, ce que j’aime beaucoup, c’est explorer toutes les richesses, toutes les capacités, toutes les formes de l’osier. On est habitué à voir les brins d’osier entiers mais j’aime bien aller explorer du côté du tissage des écorces, les éclisses et la vannerie fine. J’aime aussi aller trouver l’inspiration ailleurs dans le monde avec d’autres matériaux, d’autres techniques de tressage. J’ai notamment un projet, peut-être en 2022 ou en 2023 (il était calé en 2020 à l’origine), pour aller au Japon apprendre les bases de la vannerie en bambou. C’est un grand projet qui me tient à cœur !

Ce que j’aime aussi dans mon métier, ce sont les collaborations avec d’autres artisans, permettant de mêler ainsi les matériaux. J’ai notamment travaillé avec une amie céramiste, qui habite dans le même village. Elle s’appelle Virginie Couffin et on a monté ensembles toute une gamme de décoration, intitulée “d’argile ET D’OSIER”. Tout ce travail avec elle m’a beaucoup apporté et permet d’élargir le champ des possibles de la vannerie.

La création n’est pas le seul aspect de ton activité… peux-tu nous en dire plus ?

À côté de mon activité de fabrication de paniers, de corbeilles et d’objets en osier, j’aime beaucoup transmettre aussi ce métier et ce savoir-faire. J’anime des stages de vannerie dans mon atelier. J’interviens aussi dans des écoles, dans des collectivités, ou auprès d’un public varié : enfants, adultes… J’ai également écrit des livres de tutoriels pour essayer de toucher un public encore plus large. Les deux premiers s’adressent plutôt à des adultes et le troisième est vraiment orienté pour les enfants.

Et maintenant, ce nouveau partenariat avec Artisanatek pour la création de ce cours vidéo. C’est vraiment une première et je suis très contente de pouvoir y participer. Je pense en effet que cela va pouvoir encore élargir l’audience et faire connaître la vannerie au plus grand nombre.

En fait, j’aime bien l’image de la chaîne. Je serais ce petit maillon qui apprend un savoir-faire des anciens et puis qui va le transmettre à son tour à la nouvelle génération pour ne pas qu’il se perde. Mon credo, c’est un petit peu de dire que, en tressant des brins d’osier, j’ai aussi à cœur de tisser des liens entre les personnes.

Merci beaucoup Karelle et à bientôt !


Si vous souhaitez en savoir plus sur Karelle, n’hésitez pas à consulter son profil sur notre site : vous y trouverez des exemples de son travail et des liens vers ses réseaux sociaux. Vous pouvez également retrouver ses créations à son atelier bien sûr, ou à la Nef, la boutique d’Ateliers d’Art de France à Montpellier (jusqu’à la fin de l’été 2022).

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